Espace
Notes issues du « Dictionnaire historique de la langue française »
« Vient du latin spatium « champ de course, arène », puis « espace libre, étendue, distance » et aussi « laps de temps, durée ». Le mot est d’origine obscure. »
Indifféremment masculin et féminin en ancien et en moyen français. Valeur temporelle (« l’espace d’un mois ») avant le XVIe siècle pour prendre par la suite le sens de « surface déterminée, étendue », « distance, intervalle », « écart, différence ». Au XVIIe siècle, terme scientifique « milieu dans lequel ont lieu les phénomènes observés ». Par extension, « étendue des airs », emploi au pluriel pour « rêve, utopie » pour espaces (imaginaires). Valeur récente correspondant à « cadre, moment » (un espace de dialogue). Espace « étendue » employé dans quelques expressions du XXe siècle : espace vital (territoire revendiqué comme indispensable), espace aérien, espace vert (« lieu planté -parc, jardin- dans une ville »), espace-temps (milieu à quatre dimensions dans la théorie de la relativité, en physique qui permet de déterminer un phénomène).
Notes issues du « Dictionnaire de la langue française, Le Nouveau Petit Robert »
« Lieu, plus ou moins bien délimité (où peut se situer quelque chose). »
Mesure qui sépare deux points : distance en géométrie à deux dimensions, écart, intervalle, surface, étendue.
Volume, interstice, lacune, vide dans la géométrie à trois dimensions > atmosphère, ciel > espace infini, cosmos.
Milieu dans lequel sont situés les perceptions, les corps et les déplacements
Milieu abstrait comparé à l’espace « espace littéraire ».
Synthèse
espace – espaces, généralités et tentatives de définition
L’espace correspond à la valeur matérielle, palpable, concrète d’une surface ou d’un volume mesurables, étendue, portion délimité du territoire, sous-sol, sol, air. Support de fonctions et d’une réalité biologique et humaine, il lui arrive de s’aventurer dans des domaines immatériels où règnent la relativité et la subjectivité. L’espace architectural, par exemple, conjugue le cadre précis du dimensionnement et le caractère flou des sentiments sollicités. L’espace est également un repère temporel où il devient intervalle, moment dans l’échelle du temps. Le mot espace est d’ailleurs régulièrement associé au mot temps pour former l’espace-temps, milieu à quatre dimensions dans lequel se situe l’ensemble des éléments perçus, ressentis et imaginés par l’homme. Le terme espacement ou l’adjectif espacé couramment employé pour préciser la mesure du temps, se rapportent aussi à la distance entre deux points, segment de droite d’une géométrie qui ne possède plus qu’une seule dimension.
… « les espaces se sont multipliés, morcelés et diversifiés. Il y en a de toutes tailles et de toutes sortes, pour tous les usages et pour toutes les fonctions. Vivre, c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner. »1
Le mot espace renvoie aux notions de vide et de plein, de contenu et de contenant, de fond et de forme, éternels questionnements auxquels se heurte l’architecte. Entre le vide à remplir ou le plein à dégager, un difficile équilibre, garant de la qualité du projet, provient des choix opérés et des décisions prises qui vont modifier l’espace. L’espace est l’essence de l’architecture, l’architecte est le créateur d’espace. Bien que l’espace soit une donnée tangible, construite, physique, bornée, il détient un pouvoir d’abstraction, une portée symbolique et une charge émotionnelle qui transcendent sa matérialité et transportent l’imaginaire. Il se mettra alors au pluriel pour qualifier « des » espaces infinis, entre un monde intérieur insondable et un monde extérieur intergalactique qui nous échappent.
Ainsi à l’espace-temps qui intègre les trois dimensions d’un volume plus la dimension temporelle, il faut ajouter une cinquième dimension, la dimension sensible qui est non mesurable et non quantifiable sur des critères objectifs. C’est cette cinquième dimension qui confère à l’architecture le statut d’art.
« Une des lois fondamentales de l’architecture serait donc de rendre la grandeur sensible. »2
L’espace se projette jusqu’à n dimensions dans l’univers du mathématicien.
L’espace du jardin
Les dimensions 1, 2, 3, 4, 5 de l’espace géométrique à l’espace perçu
du point au segment, à la surface, au volume, au temps, au milieu ambiant
L’espace mesuré,
la taille, le poids, la durée
du mètre au mètre carré, au mètre cube
de la seconde à l’heure, au siècle, au millénaire
L’espace calculé de l’ingénieur, du paysagiste, de l’économiste, de l’analyste, du manipulateur,
les quantités, le coût, les opérations, les transformations, les techniques
L’espace normatif et normé, encadré par les normes du savoir, libre d’inspiration ou cadenassé de la réglementation
L’espace prospectif, mathématisé, modélisé
L’espace représenté, réel et fictif
la cartographie, le relevé, la conception
la représentation des parties au plan de masse, au plan de situation
du particulier au général
du local au global
du singulier au pluriel
de l’unique au multiple
du privé au public
Les échelles, les rapports, les oppositions et les continuités, les complémentarités, les changements, les réductions et les agrandissements
du détail à l’ensemble
de la jardinière au territoire
du grain de sable à la montagne
de la goutte d’eau à l’océan
du moment à la période
de l’instant au cycle des saisons
de la vie à la mort
de l’immensité à l’éternité
L’espace composé et l’art du jardin
l’ordonnancement, les rythmes, les répétitions, la symétrie, l’asymétrie, les proportions
les inventions
l’harmonie
l’ordre et le désordre
la mesure et la démesure
L’espace en mouvement, les échanges, les mobilités, les parcours, les déplacements
la rencontre, l’inattendu, le spontané, la surprise
L’espace sensible du jardin
les odeurs, les goûts, les textures, les bruits, les scènes, les points de vue, les échappées, des emprunts, les perspectives
L’espace onirique
les évocations, les influences, les citations, les résonances
la symbolique, la spiritualité, la mémoire
L’espace de mon jardin, Inventaire à la Prévert
une parcelle cadastrale, un habitant, une localité, un pays
un lopin de terre, une grille, une porte, un parterre, une plante, un insecte, un animal domestique, un oiseau, un jardinier, un ustensile de jardin, une cabane de jardinier, un arrosoir
de l’eau, du soleil, de la verdure, des couleurs
des rêves, des évocations
l’abondance, la luxuriance, le paradis, la sérénité, l’intimité, le repos
[PLUGIN BIBLIO]